« Personne(s) », l’art à hauteur d’homme
Le 8e Projet Quartier des Tanneurs affirme douceur et puissance, poésie et énergie.
Faire tomber les barrières est l’une des vocations des Tanneurs, théâtre implanté au cœur des Marolles. C’est là, avec le concours notamment du CPAS de la ville de Bruxelles, qu’ont été recrutés la majorité des participants à ce nouveau Projet Quartier.
Faire tomber les préjugés élitaires est un des effets du travail de Thierry Thieû Niang, chorégraphe et danseur, impliqué dans des projets théâtraux autant que dansés, collaborant avec des professionnels autant que des amateurs. On se souvient notamment de « Du Printemps ! », sa bouleversante relecture du « Sacre » avec une vingtaine de personnes âgées (jusqu’à 80 ans et plus).
A Bruxelles, à chaque congé scolaire, l’artiste est venu défricher le terrain, lancer des idées, en récolter, construire ce qui allait devenir « Personne(s) ». Projet participatif et intergénérationnel, il réunit des enfants (6-12 ans), de jeunes adultes (18-30 ans) et des seniors (60 +). Ahlam Arektoute, Karine Banga, Annette Baussart, Pierrette Bernard, Marie Camoin, Loutfi Chama, Cécile Cozzolino, Alexandro Deboeck, Damien Degaudine, Mohamed El Khaled, Blerina Islijami, Nailé Islijami, Maxime Jeune, Marcelle Masquelier, Lisa Moyson, Lucas Moyson, Sacha Moyson, Coraline Nanga Pauchard, Nikko Noirhomme, Laurent Roekens et Louis Smet sont des interprètes et plus que ça : les habitants d’une vraie pièce, solide et émouvante, cohérente mais qui ne recule pas devant l’abstraction.
Car s’il a avec eux travaillé sur des bases personnelles et concrètes, le chorégraphe a emmené les danseurs ailleurs que dans la narration à laquelle se cantonnent souvent les travaux menés avec des amateurs. Il est question dans « Personne(s) » de la présence et du manque, de l’humain et du temps, de l’élan qui traverse les corps et transcende les rôles. « Une grand-mère n’est pas qu’une grand-mère », sourit Thierry Niang. Sa création - avec la collaboration artistique de Bastien Lefèvre et les lumières sculptées par Reynaldo Ramperssad -, concentré d’énergie et de générosité, explore les dynamiques du groupe et des individus. Et donne foi dans l’art à hauteur d’homme.
Marie Baudet - La Libre Belgique - 05 juin 2012
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