Les Sonnets de William Shakespeare

Mise en scène de Thierry Thieû Niang et Jean Bellorini

Les Sonnets de Shakespeare

Photo : Bruno Levy

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Les Sonnets de William Shakespeare, traduction d’Yves Bonnefoy, William Cliff, Pascal Collin, Jacques Darras, François-Victor Hugo, Jean-François Peyret, mise en scène de Thierry Thieû Niang et Jean Bellorini.

Un spectacle avec vingt-trois adolescents amateurs de Saint-Denis et des alentours créé il y a deux ans. Pour saisir l’esprit et le souffle du poète, à travers la clarté de ces voix et corps dansants dans l’ombre et la lumière près de l’eau bleue d’une sur la scène : un beau pari. Sensations et frissons assurés…

La scénographie et les lumières de Jean Bellorini font miroiter en lisérés tremblants et éclats sonores cette eau qui retrouvera ensuite son endormissement. Les jeunes interprètes ravis se jettent de la même façon dans ces Sonnets parfois sombres et Thierry Thieû Niang a l’art de les faire évoluer au bord de cette piscine à l’eau lumineuse. Entre sauts, arabesques, figures libres. Et Jean-François Peyret estime qu’il est aussi légitime d’entrer dans l’œuvre shakespearienne par les Sonnets que par l’histoire des Rois : amour, jalousie et mort y sont aussi présents mais ici, il y a renoncement.

A travers la poésie miroitante de ces Sonnets, on trouve aussi l’extrême volatilité du moi passant sans cesse d’un état à l’autre. Le « je » rimbaldien est autre, pas « un autre » mais plusieurs autres : « l’atomisation, la fragmentation, l’auto-dévoration sont les moments de cette dépossession de soi ». Par le chant pur, la musique de la harpe, la danse et une déclamation poétique juste et claire, mais aussi grâce à la création sonore de Sébastien Trouvé avec entre autres des cris d’enfants dans une cours de récréation, les interprètes seraient autant de « moi » que d’êtres touchés par la douleur de la passion amoureuse. Des états d’âme divers flottants sont tous là. Et se dégage un sentiment de douce mélancolie mêlé au bonheur de se savoir en vie : « Fatigué de tout ça, je veux quitter ce monde / sauf que, si je me tue, mon amour sera seul. » Penser à l’être aimé et alors la perte et la tristesse s’en vont. Le cœur est éloquent, même si l’amant se retrouve à côté de son rôle, tel un acteur qui ne sait pas son texte, est saisi par le trac. Le plaisir ici est d’apprendre à lire ce qu’en silence, l’amour révèle sur les visages.

La nuit heureuse resplendit d’étoiles au moment où l’amant pense à l’aimé. Avec une belle troupe juvénile : Shaur Ali, Manuel Bouqueton, Maera Chouaki, Cassandra Da Cruz Ganda, Lana Djaura, Jonas Dô Huu, Esther Durand- Dessag, Loua El Shlimi Ali, Achille Genet, Jeanne Lahmar-Guinard, Léo Le Floch, Justine Leroux-Monpeurt, Jeanne Louis-Calixte, Ulrich Mimboe-Verdoni, Lisa Ndikita, Samir Quemon, Abou Saidou, Maïa Seassau, Jules Taillasson, Nara Trochet, Louis Jean-Pierre Valdes Valencia : tous motivés par ce projet ambitieux. Une magnificence d’étincelles grâce à eux et à la poésie de William Shakespeare.

Véronique Hotte - Théâtre du Blog - 26 novembre 2019

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