« Kicks ! » s’achève par… Du Printemps !
Dès les premiers pas, le rapport au corps s’invite. Différent, naturel, humble et émouvant. L’immensité du plateau des Ecuries de Charleroi Danses s’impose lorsqu’une fillette, en noir, s’avance, dans le silence. La suivent d’autres humains, tous âges confondus, qui occupent les deux côtés de la scène. Comme des équipes prêtes à s’affronter. Ou plutôt à s’unir en un mouvement perpétuel et inverse au sens des aiguilles d’une montre. Histoire de remonter le temps, selon la volonté du chorégraphe et danseur français Thierry Thieû Niang.
Les bras ballants, les mains croisées dans le dos, sur les hanches, ou posées en prière sur les lèvres, des femmes, des enfants, des jeunes, des moins jeunes marchent. Puis courent. Ensemble, ou séparément. A leur rythme. Ils sont vingt-huit en tout et donnent l’impression d’être deux fois plus nombreux. L’entêtant « Sacre du printemps » d’Igor Stravinsky les guide, les emporte, les submerge. Un enfant pose sa main dans le dos d’un aîné. Une grand-mère, les bras grands ouverts, embrasse la vie en courant. L’intensité grandit. La beauté du spectacle aussi.
« … Du Printemps ! », sous la houlette du danseur et chorégraphe français Thierry Thieû Niang, était un des temps forts du Festival « Kicks ! » du théâtre de l’Ancre, qui s’est achevé ce week-end à Charleroi.
Connu pour oser travailler avec des personnes peu habituées à bouger, l’artiste a mêlé sur scène, à ses huit danseurs confirmés, une trentaine de néophytes dont, pour la première fois, des adolescents. Et ce, à la demande de Jean-Michel Van den Eeyden, le directeur du théâtre de l’Ancre et l’organisateur d’un festival qui porte un regard sur la jeunesse. D’où l’importance de sa présence dans cette chorégraphie inédite réunissant quatre générations venues fêter dignement l’arrivée du printemps. Le chorégraphe, lui, est arrivé de Marseille le 17 mars et a commencé à travailler avec les Carolos d’horizons différents, la plus jeune ayant six ans et le plus âgé septante-deux ans. Après les applaudissements nourris du public, Thierry Thieû Niang est venu sur scène : « J’ai voulu inventer un vivre ensemble avec les âges et les corps qu’on a. Entre les grands sportifs et les mannequins, il y a beaucoup de corps en mouvement. C’est à nous, artistes, de révéler leur beauté ». Mission accomplie.
Laurence Bertels - La Libre - 24 mars 2014
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Ovni rêveur, le corps éparpillé dans la têteThéâtre de Lorient