Rose-Marie Lagrave

Rose-Marie Lagrave

Photo : Jean-Luc Bertini

« La vieillesse est une ressource sociale, cognitive et politique. Qu’as tu fait de ta vieillesse ?… A cet égard, « le savoir vieillir » de Cicéron se veut bain de jouvence ; il devrait figurer dans toutes les bibliothèques des Ehpad en supposant qu’elles existent. La vieillesse m’est soudain apparue douce et harmonieuse, écrit-il…

La vieillesse est le miroir grossissant des inégalités sociales, de genre, selon les origines ethniques et les sexualités, de sorte que cet invariant se décline en expériences diamétralement opposées selon l’imbrication contractualisée de ces propriétés sociales. Le savoir vieillir est socialement construit, ce qui suppose une décentration du regard. Toute pensée et traitement de la vieillesse en tant que telle est une faillite annoncée. Il faut renverser la logique et penser la vieillesse en amont durant tout le parcours de vie… C’est ce patient travail de conquête de l’autonomie, devenu habitus ou seconde peau au moment du grand âge qui permet de mieux faire face aux fragilités de la vieillesse et de déconstruire l’infantilisation dont elle est l’objet, car il reste plus difficile de l’acquérir en bout de course ou à bout de souffle. Aux jeux de compétition et de concurrence, à la violence des rapports sociaux-démocrates, il faut opposer les valeurs expérimentées par la vieillesse : la solidarité, la vulnérabilité, et la fragilité que l’on n’a pas pu exprimer jusque là, le souci de soi et du soi des autres y compris celui des morts, ces déserteurs. Il ne s’agit donc pas seulement de promouvoir des politiques intergénérationnelles pour faire mixité sociale mais d’engager pour toutes les générations une politique de civilisation des mœurs qui desserre les contraintes et les dominations du monde social… Hormis la littérature romanesque, la sexualité des vieux et entre les vieux, et surtout celle des parents âgés reste le tabou des tabous. Les vieux sont en effet censés être sexuellement rassasiés pour le restant de leurs jours d’où le rejet d’une sexualité honteuse, cachée, réprimée et reléguée dans les coulisses de la société. Le désir retrouvé n’est pas que sexuel parce que le désir est sans fin ; il est aussi désir de travailler à une société plus juste. S’investir dans des activités auparavant impensables, s’engager pour des causes que l’actualité passe sous silence ou édulcore, participer aux manifestations, s’émerveiller devant des corps jeunes et vieux qui font corps social en mouvement et essayer de comprendre pourquoi la majorité des vieux vote à droite de l’échiquier politique ; bref continuer à vivre sa vie avec les autres…

Pour changer la vie, il faut changer la mort et serrer les rangs pour revendiquer le droit à mourir dans la dignité… Il faut revendiquer vieilles et vieux en tête, l’IVV, l’interruption volontaire de vieillesse car décider ou non de faire vivre, et décider ou non de vouloir mourir dont les deux faces inséparables d’une même logique : celle d’une liberté citoyenne sur les corps, citoyenneté responsable et assumée qui donne aux jeunes et aux vieux un même horizon d’attente. »

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