Erri De Luca
Photo : Augusto De Luca
« Ces lignes relatent ma découverte personnelle de la vieillesse… La vieillesse aujourd’hui se répand dans la population jusqu’à devenir majoritaire. Puisque le phénomène ne s’est manifesté que récemment à grande échelle, je considère la vieillesse moderne comme un âge expérimental. En effet, chacun est vieux pour la première fois. Aucun précédent ne peut aider.
Je m’engage dans un temps nouveau en novice, avec un esprit d’improvisation. Je suis avantagé par une bonne complicité avec mon corps. C’est une machine ancienne, sélectionnée par d’innombrables générations aux prises avec toutes sortes de privations. J’ai le sentiment d’être son hôte le plus récent. Je l’interroge, je l’écoute. Il me demande d’aller pieds nus, de mettre ma peau en contact avec les éléments de la nature pour favoriser l’échange entre l’intérieur et l’extérieur. Le bronzage n’a rien à y voir, ce sont le soleil, le vent, la pluie, le sable, la terre qui comptent. Il demande d’être exposé à la nuit sous les étoiles sans filtre des vitres. Il n’a pas été habitué à se nourrir plusieurs fois par jour ni tous les jours. Sa capacité de jeûne est ancienne et mystérieuse… Je déclare ma vieillesse volontairement selon ce principe…
L’exercice physique va de pair avec l’entraînement cérébral. La lecture d’un livre, la répétition par cœur d’une chanson ou d’un poème… Inexorablement vieux oui mais, ingambes, indépendants et en cavale ! Dans notre jeunesse nous avons fait l’expérience des communautés. On peut essayer à nouveau si la solitude déprime…. C’est la touche de grâce qui sauve de la dégradation, introduisant une émotion et une complicité. Si la vieillesse est une ivresse emportée par une force supérieure, alors elle doit comportera la rançon d’une fleur, d’un regard, d’un sourire cueillis au vol… »
Représentations & évènements à venir
25 février 2025 27 février 2025 à 20H00
Ovni rêveur, le corps éparpillé dans la têteThéâtre de Lorient