Ces hommes qui font danser

« Août en danse » a remporté un succès inattendu et mérité… prouvant combien les Marseillais sont friands de spectacles, même en août !

On peut donc programmer des spectacles fin août, et remplir les salles en un clin d’œil… Plus de 10 000 spectateurs ont apprécié les nombreuses propositions. Un franc succès public, et des propositions artistiques très variées, prouvant l’extrême richesse de la danse, de la plus néoclassique à ses formes théâtrales, performatives, amateures, contemporaines. Prouvant hélas que même en danse les femmes se font rares… Quelle régression du nombre de chorégraphEs par rapport aux années 90 ! Anne le Batard (Ex Nihilo), Ayse Orhin (Turquie) et Tzeni Argyriou (Grèce) ont proposé trois pièces, tandis que les hommes en chorégraphiaient une quinzaine…

Ce qui n’interdit pas les très beaux moments. Intimes et de recherche, au Klap : si le solo de Samir El Yamni souffrait d’un propos autocentré naïf dans sa mise en mots, la succession de soli proposés par Arkadi Zaïdes (Israël) offrait des moments déchirants de solitude et d’enfermement, et des longueurs…

Virgilio Sieni (Trois Agoras) a investi l’esplanade du MuCEM et le Palais Carli avec ses amateures, si touchantes dans leur générosité : dans Ciel mères et filles exposaient leur lumineuse tendresse, palpable, au gré d’un violoncelle léger en pizzicati… Foofwa d’imobilité faisait (très bien !) danser 11 femmes et 2 hommes, dans un décalage franchement drôle entre danse et geste quotidien, montrant, comme un Jacques Demy devenu ironique, l’incongruité d’injecter la danse dans les déplacements ordinaires (Live& Dance & Die). Même autodérision dans son solo, où il s’ingéniait à danser avec une planche de surf… tandis qu’aux Bernardines Thierry Thieû Niang dispensait comme toujours, en duo cette fois avec Eric Lamoureux et leur douce imprudence, son humanité chaleureuse faite de regards, d’attention et de justes sourires…

À l’autre bout de l’échiquier esthétique la Mairie de Bagatelle proposait à son nombreux public, gratuitement, un temps de danse néoclassique. Avec la Cie Acontretemps, d’un niveau inégal, pour un Carmina Burana convenu mais illuminé par une danseuse sublime (Amélie Appetiti) ; avec le Ballet Biarritz de Thierry Malandain, toujours aussi époustouflant de technique, portant paradoxalement l’émotion au cœur de musculatures exacerbées et froides… pour danser un Amor Brujo (Amour Sorcier) peu enfiévré, mais sidérant !

Olivier Dubois s’affirme comme un chorégraphe exceptionnel : on l’a vu chez Preljocaj ou Jan Fabre être un interprète visiblement inspirant, et ses premières pièces « indépendantes » affirmaient que sa danse pense, et crée, au-delà du mouvement, un discours. Son Faune(s), puis Révolution et Tragédie l’ont confirmé. Avec Élégie il offre au Ballet national de Marseille une pièce aux mille connotations romantiques, plastiques et littéraires, déployant un propos existentiel, comme puisé au fondement de la Création, s’élevant et s’affaissant dans une semi obscurité fascinante…

Sharon Fridman, avec le Ballet d’Europe, produit un autre chef-d’œuvre, sublimement interprété par les six danseurs. Une pièce où les corps en contact permanent jouent à deux toutes les luttes, les étreintes, les soutiens, les violences qui traversent les couples, ou déchirent en deux les êtres. Là la danse, technique, épuisante, mouvementée, incessante, affirme encore qu’elle est un discours. Sans dire un mot, et sans théâtre, parce que les corps parlent…

Agnès Freschel - Zibeline - Septembre 2013

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