Thierry Thieû Niang

Soigner le vivant

Thierry Thieû Niang

La pandémie est un fait social total bousculant tous les aspects de nos vies individuelles et collectives. La question du corps aujourd’hui n’est vue que du point de vue de la maladie. La maladie s’est immiscée dans nos vies, dans nos gestes, dans nos imaginaires. Contaminés ou non, nous vivons comme des malades.

Il nous manque la fluidité et la spontanéité des échanges, ceux de la vie. La maladie est devenue un sujet à la fois quotidien et public.
Ce qui était de l’ordre privé, de l’intime, est désormais une préoccupation collective même si celle-ci ne nous rapproche pas pour autant. On s’efforce de vivre malgré elle, dans la restriction de liberté, dans la perte de contact, dans une vie réduite, appauvrie autant sur le plan affectif que social et professionnel.

Une vie où tout est suspendu, remis en question du jour au lendemain. Cette existence sur le mode de l’incertitude et de l’inquiétude est celle que connaissent les malades au long cours.

Elle nous concerne désormais tous ; même si nous ne le sommes pas, nous vivons comme des malades.

Nous calculons nos gestes, évaluons les sorties et les rencontres et cette inquiétude nous épuise. Nous sommes confinés aussi mentalement.

Nos corps empêchés, entravés, doivent composer des mouvements et torsions pour inventer une danse de l’esquive où l’on se rapproche tout en s’évitant, où l’on se parle tout en portant des masques.

Nous ne parlons que de barrières, de distanciations, de frontières.

Comment traduire cette peur et l’incertitude ?

Le toucher nous manque et nous avons du mal à réfréner l’élan spontané vers ceux que l’on rencontre comme vers ceux que l’on aime.
Aujourd’hui, c’est le corps qui fait rempart puisque c’est lui qui est contaminé ou non.

Comment affronter, conjurer ensemble cette peur, nos peurs ?
Comment affronter ce qui – nous – arrive ?
Comment réparer, restaurer ce qui manque, ce qui est perdu ?

Il faut réhabiliter la notion de réparation comme celle de restauration, il faut repriser, rapiécer !

Au Japon il y a un art, le Kintsugi, qui date du XVe siècle.
S’il on veut réparer une porcelaine brisée, on ne collera pas ses éclats bord à bord mais on soulignera les fractures avec de la pâte d’or qui écartera l’entaille. L’objet exhibe ses accidents, ses blessures.

Je crois en ces lieux publics – les théâtres, les cinémas, les musées, les bibliothèques – où l’on peut partager avec le plus grand nombre des émotions, des pensées, des réflexions et ainsi contribuer à la question démocratique, politique. C’est là où j’ai pu rencontrer des gens qui ne me ressemblent pas : des gens de tous les milieux, de toutes les classes sociales, de toutes les cultures et d’histoires de vie différentes.

C’est là dans ces lieux, mais aussi dans les jardins, les écoles, les hôpitaux que nous pouvons échanger, mettre en commun nos récits, nos imaginaires et nos gestes.

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